Erwin Wurm se destinait à une carrière de peintre mais la vie en a fait autrement ! Accepté dans la filière « sculpture » de l’Ecole des Beaux-Arts de Vienne, l’artiste autrichien explore depuis les années 80, non sans humour ni cynisme, une nouvelle manière d’appréhender la sculpture, jouant avec les corps et détournant les objets du quotidien.
Immortalisées grâce à son appareil photo, l’artiste documente ses performances, l’art de photographier et de filmer devenant ainsi une pratique essentielle dans son art.
La @mep.paris lui consacre une rétrospective jusqu’au 25 octobre dans laquelle on découvre le travail conceptuel de cet artiste pluridisciplinaire ayant inventé les #OneMinuteSculptures, projet dans lequel il s’est mis d’abord en scène avant de devenir un projet participatif.

Que ce soit à travers des figurines et sèche-cheveux en lévitation dans « The Arrival of the Portuguese in South America » ou encore ses « Dust sculptures » qui dévoilent des parcelles d’espaces épargnées par la poussière et le temps, l’artiste s’interroge sur la notion même de sculpture, considérant que « tout peut devenir une oeuvre d’art », que ce soit un objet du quotidien ou encore son propre corps.
Erwin Wurm continue cette exploration en s’emparant du vêtement et en le détournant de son usage quotidien. Portés de manière absurde, les vêtements sont étirés, cachant la tête ou une partie du corps, suggérant ainsi des positions improbables, ridicules voire monstrueuses. Par ailleurs, dans son oeuvre « 13 pull-overs », il met en scène un ami qu’il filme en train d’enfiler des pulls en les superposant. Pour lui, l’acte de grossir/maigrir est déjà un acte sculptural. Il réalise le même type d’expérience en se mettant en scène dans « Me / Me Fat », faisant une référence inversée aux régimes miracles avec les photos avant / après.
Pour ses « One Minute Sculptures », Erwin Wurm se met en scène ou demande à des protagonistes de prendre des poses incongrues et inconfortables souvent en relation avec un objet pendant 1 minute, à savoir réaliser un poirier dans une bassine ou tenir en apesanteur sur des oranges…
Ces performances deviennent des sculptures photographiques dans lesquelles la gaucherie, l’inélégance, l’avilissement et la vulnérabilité sont mises en exergue, prenant le contrepied des théories du philosophe allemand Adorno selon lesquelles l’art est noble et sacré. « Quand on regarde ces gens, on éprouve un sentiment de « Fremdscham », explique Erwin Wurm qui signifie en allemand « gêne par procuration ». Ce sentiment plait à l’artiste car selon lui, il nous aide à être en empathie avec l’individu qui devient un reflet de soi.
De Tapei à l’Abbaye d’Admont dans les Alpes autrichiennes, Erwin Wurm a parcouru le monde pour réaliser avec ironie et irrévérence ses « One Minute Sculptures ». Son travail que l’on peut qualifier de drôle au premier abord bouscule cependant les conventions sociales, nous questionne sur le « politiquement correct » ou encore notre perception du monde.
Maison européenne de la photographie
5/7 Rue de Fourcy
75004 Paris
Du mercredi au vendredi de 11h à 20h – Le week-end de 10h à 20h






