Je m’appelle Fatima.
Je porte le nom d’un personnage symbolique en islam.
Je porte un nom auquel il faut rendre honneur.
Un nom qu’il ne faut pas “salir”, comme on dit chez moi.
La petite dernière est le premier roman de Fatima Daas et quel roman ! Cette auto-fiction dresse le portrait de Fatima, jeune femme d’origine algérienne, lesbienne, musulmane pratiquante.
Fatima a 29 ans, elle raconte son enfance à Clichy-sous-bois dans une famille où son père est violent et aurait préféré avoir un garçon, son rapport à la religion mais aussi la découverte de sa sexualité et son attirance irrépressible pour les femmes. Fatima, signifie “la fille du prophète” et ce prénom est déjà un lourd héritage, qu’elle déshonore selon elle par ses amours lesbiens. Fatima est polyamoureuse ou peut-être pas. Fatima est une “pécheresse”. Fatima aime Nina mais elle ne lui dit pas car dans sa famille “on ne lui a pas appris à aimer”. Fatima fait un croche-patte à Benjamin et le traite de sale pédé. Fatima traite son père de monstre. Fatima fait 3 heures de transport pour se rendre à l’Université. Fatima aime s’évader en musique mais c’est surtout à travers les mots des autrices qu’elle admire (Marguerite Duras, Annie Ernaux) et les siens qu’elle se révèle.
Des mots pour affronter le regard des autres, des mots pour exprimer sa quête d’identités multiples et tenter de les réconcilier, sans pour autant y parvenir….
Les mots de Fatimas Daas nous touchent instantanément par leur rythme impétueux, entre douceur et colère. Ce premier roman est un magnifique récit sur la quête de soi et je vous invite à découvrir cette autrice extrêmement talentueuse.
La petite dernière, Fatima Daas aux Editions Notabilia, 2020
Entre 2 tasses de thé 